Presse
Ce qu'il me reste/ Mutuashi 2024 -
Un fauteuil pour l'orchestre
Perçant l’obscurité et le brouhaha finissant, la percussion entêtante de claves met le cœur aux aguets. Sillonnant un paysage d’Afrique, une piste de terre poudreuse, ocre, déroule le regard comme un immense tapis cérémoniel. L’image semble flotter, capture dans son champ ceux qui cheminent à pied et s’écartent et ceux qu’elle croise poursuivant la direction opposée, une végétation sporadique aux abords. Par instants fugaces le rétroviseur de la moto qui porte le vidéaste fait intrusion dans l’image, dévoilant subrepticement un visage. Ce qu’il me reste s’ouvre avec ce long plan séquence, abrupt et majestueux à la fois, dont on est vite le captif : est-ce son effet de réel sur grand écran, son mouvement d’ouverture sans fin vibrant du battement des claves ou la rencontre qu’il annonce et retarde en même temps, qui nous lie fermement à sa trajectoire ? Yves Mwamba fait ce chemin, non pas physique, mais de la mémoire et de l’intimité : un déplacement vers la figure maternelle, envisagée comme celle de l’enfance. La danse, avec ce projet singulier, se découvre un nouveau territoire, celui infime et infini à la fois qu’il y a entre une mère et son fils, où amour, pudeur et respect s’entrelacent et rythment gestes et retraits. Ce qu’il me reste se construit en acte, sans paroles, sinon celles, chantées de la mère et puis celles qui viendront plus tard, simples et magiques, pareilles à une annonciation, ainsi traduites : « Me voici devant vous, Joséphine Diyoyi ». Ce qu’il me reste sera aussi une bénédiction, le rituel pris dans les rets du spectaculaire et pourtant et heureusement y échappant. Yves Mwamba a conçu des espaces temps contigus, qui se frottent, font des étincelles, se rejoignent en de rares occasions, mais surtout déploient leurs circulations comme des chemins parallèles. Aucune narration dans cette forme, comme si le chorégraphe et interprète avait compris qu’un récit fait de mots annihilerait la puissance d’évocation magique des seules présences d’une mère et son fils. La liaison entre eux deux se fait par le chant de Joséphine Diyoyi. Les mélopées en forment de boucles sonores, ritournelles, creusent le passé dans l’étendue du présent. La musique est bien le fil conducteur d’Yves Mwamba débarquant avec sa valise pleine de cassettes audios, cordon ombilical avec sa terre natale et cocon protecteur. Sa danse, si elle s’élabore en premier lieu, dans une rigueur toute géométrique, bras tendus pointant l’espace vide de l’absence, se développe ensuite dans une organicité et une énergie puisant aux sources affectives de la musique maternelle, laissant affleurer les traits d’une danse originelle, africaine. La forme pure initiale s’investit du trop-plein, du manque sublimé en emballement. Et puis il y aura la danse Mutuashi de Joséphine Diyoyi : danse du bassin, sismique comme la terre-mère, éruptif et hypnotique comme une mer démontée, emportant dans ses saccades tout le corps de son officiante sauf ce regard solide et puissant comme un roc. Sa grâce et sa radicalité sans aucun doute ont à voir avec la gratuité de son acte, comme échappant à toute considération et ambition culturelle occidentale. Il n’est pas question de briller sur scène et le narcissisme est renvoyé aux oubliettes. Elle demeure irréductiblement et magnifiquement étrangère aux codes de nos représentations et pour cela sa présence est aussi une forme de résistance. Entièreté de l’être. Son acte participatif (elle s’en expliquera en quelques mots) est inexplicable sauf à le concevoir comme un acte d’amour maternel. Ce qu’il me reste, à l’instar du travail de l’artiste Myriam Mihindou (PRAESENTIA, exposition en cours au Palais de Tokyo), est résolument un art de la reconstitution et de la réparation, renouant les fils distendus par l’espace et le temps d’une vie loin des siens. Son exigence n’a d’égal que sa pudeur.
Article de Nicolas Thevenot
Voix intérieures / Manifeste 2021 -
La Terrasse
AvecVoix intérieures (manifeste), Yves Mwamba signe une pièce coup de poing qui porte à la scène les luttes de la jeunesse congolaise.
Ils sont trois au plateau : le danseur et chorégraphe Yves Mwamba, la militante activiste Rebecca Kabugho, le guitariste Pytshens Kambilo. Dans Voix intérieures (manifeste) ils mêlent leurs langages pour mieux dénoncer le pouvoir politique de leur pays, le Congo, qui bafoue les droits humains les plus élémentaires. La portant à la scène, ils font entendre la parole d’une jeunesse courageuse, pacifiste et engagée, terreau de lutte et d’espoir, que les autorités veulent faire taire. Lorsque l’eau, l’électricité ou l’éducation manquent, lorsque les enfants sont enrôlés de force dans l’armée, lorsque la guerre ou la corruption font rage, s’exprimer et se soutenir sont des besoins vitaux. Le krump mâtiné de contemporain d’Yves Mwamba comme la langue et la musique de ses deux partenaires en témoignent avec force.
Delphine Baffour
New African - le Magazine de L' Afrique
Le chorégraphe Yves Mwamba épuise ses spectateurs ! A travers la danse, il donne à voir des moments de grâce et fantastiques, des moments de rêverie qui arrachent, le temps d’un spectacle de 1’20 mn, des vicissitudes existentielles et donnent la possibilité de penser un monde meilleur... demain en République démocratique du Congo (RD Congo).
Par Serges David
RFI
Quand un trio de «performers» congolaisdanse sur les maux de la RDC
Un danseur. Yves Mwamba. un musicien. Pvtshens Kambilo et une militante Rebecca Kabuano. Ce trio de « pertormers » congolais livre une piece en forme de manifeste appelée « Voix interieures ». Trois corps. trois voix. trois langages qui denoncent les injustices, la corruption et la repression en Republique democratique du Congo (RDC). Ces voix dont ils parlent, ce sont celles qui, comme ils le disent eux-mêmes, bouillonnent à l'intérieur du peuple congolais et demandent le respect des droits humains. le droit a la démocratie et a la fin de impunite des groupes armes dans le pays.
Attitude Afro 2023 -
Olympiade culturelle Paris 2024
La pièce chorégraphique Attitude Afro décompose l’essence de la danse afro en partant de ses rythmes et pulsations originelles mettant en avant la force du collectif. Deux femmes et un homme confrontent leurs histoires et leurs imaginaires, en puisant dans l'extrême vitalité du ndombolo, coupé décalé, afro, afro house... Le chorégraphe Yves Mwamba s'empare de cette énergie jaillissante jusqu'aux limites des corps pour créer des passerelles entre hier et aujourd'hui. En travaillant de ce corpus de mouvements, les 3 interprètes interrogent leur mémoire commune, leurs liens aux rituels et aux ancêtres pour mieux regarder l'avenir.